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Marcel Vincent (1913 - 1950)

Parcours d'un jeune militaire deux-sévrien engagé dans les Forces françaises libres.

Les citations sont extraites du journal de route de Marcel Vincent, retraçant sa vie depuis juin 1940, conservé au Centre Régional "Résistance & Liberté" de Thouars.

Marcel Vincent, un engagé dans les Forces françaises libres (FFL)

Marcel Vincent est né le 24 juin 1913 à Azay-sur-Thouet près de Parthenay (Deux-Sèvres). Orphelin de père tué durant la Première guerre mondiale, il est élevé par sa mère.

Après des études à Niort, il devance l'appel et s'engage dans l'armée en octobre 1931 à l'âge de 18 ans.

Durant les années 30, il rejoint les troupes coloniales en Indochine et au Tchad. Il découvre alors l'armée et la chasse sa passion.

Le choc face à la défaite française

Il est à Moussoro au Tchad lorsqu'il apprend la défaite de l'armée française et la signature de l'armistice le 22 juin 1940. Il a alors 27 ans. Voici ce qu'il écrit à sa famille : " J'étais à Moussoro au Tchad lorsque la radio nous a annoncé l'armistice. Inutile de vous parler du coup de massue que nous avons reçu. Nous en sommes restés anéantis.

Nous croyions tous dans notre petit poste que la lutte se continuerait en Afrique du Nord et que nous serions appelés à y participer, nous qui n'avions encore rien fait. Enfin il fallait admettre que tout était fini sauf que toutes les colonies étaient entre nos mains".

La lutte dans les Forces françaises libres

Son état d'esprit oscille alors entre résignation et espoir, même s'il est un peu trop optimiste lorsqu'il dit que toutes les colonies sont entre les mains des futurs Français libres.…Une partie de l'Afrique occidentale française, le Sénégal, le Gabon, le Cameroun et l'Algérie …sont restés fidèles au nouveau chef de l'État français : le maréchal Pétain. Il faudra des combats fratricides, comme au Gabon ou devant Dakar au Sénégal entre Français, pour les arracher à Vichy.

Il choisit de refuser la défaite et décide de résister coûte que coûte, respectant à la lettre la devise du général de Gaulle " la France a perdu une bataille, elle n'a pas perdu la guerre…".

L'Afrique constitue un formidable tremplin pour la reconquête de l'Europe.

Il rejoint la dissidence africaine inaugurée par le Tchad en août 1940 préparée par le gouverneur de la place : Félix Eboué.

Marcel Vincent rejoint un bataillon composé essentiellement de troupes africaines et remonte vers le nord du continent où stationnent les troupes italiennes. Fin 1940, il entre au Soudan. A cette date, les Forces françaises libres (FFL) comptent environ 10000 hommes dont la moyenne d'âge est de 25 ans.

Il rejoint l'Erythrée en février 1941, où il combat à Cub-Cub avec la Brigade française d'Orient contre les Italiens. La prise de ce lieu est essentielle pour le ravitaillement des troupes des Forces françaises libres :" Il fait une chaleur torride et nous avons un bidon d'eau chacun. Nous attaquons la petite ville de Cub-Cub et il faudra prendre ce patelin si nous ne voulons pas crever de soif…",écrit-il. Cette victoire est considérée comme la première victoire de la France libre. C'est lors de cette bataille que Marcel Vincent est blessé et évacué vers un hôpital militaire anglais.

Après des soins, il rejoint son bataillon puis débarque en Palestine.

C'est là, le 26 mai 1941, que le général de Gaulle, chef de la France libre vient rendre visite aux troupes des FFL qui combattent en Afrique et au Proche - Orient. " ils sont peu nombreux ceux qui ont, à cette époque, la croix de la Libération ; j'en suis justement fier, et on arrose ça au mess, comme il se doit."

croixliberation © Conservatoire de la Résistance Deux-Sèvres

 Certificat d'attribution de la croix de la Libération à Marcel Vincent Marcel Vincent © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

Ensuite, les FFL, les Australiens et les Anglais entrent en Syrie. Marcel Vincent ne participe pas au combat et est plutôt content car 5400 Français libres vont affronter l'armée française fidèle à Vichy.

" La campagne de Syrie est triste pour nous Français, je ne regrette pas de ne pas pouvoir y participer, mais j'en comprends toute la nécessité. (...) j'ai eu l'appréhension, si j'avais participé à cette guerre d'avoir le malheur de trouver un jour Fernand devant moi, de l'autre côté."

Damas tombe le 21 juin et le Liban capitule quelques semaines plus tard. Il rejoint donc la Syrie après la capitulation des troupes de Vichy. Le 17 septembre, le général de Larminat, chef des forces terrestres des FFL décore Marcel Vincent de la croix de guerre pour sa participation à la victoire de Cub-Cub. Quelques jours auparavant, il avait reçu la Military Medal anglaise pour " my galantry in action in Italian East Africa " récompensant le même fait d'armes.

Après avoir été nommé adjudant-chef , il est en Libye au printemps 1942 lorsque les troupes du général de Larminat affrontent avec les Anglais les troupes de l'Africa Korps de Rommel. Lui est stationné à Bardia sur la côte où il est chargé de surveiller la baie . il dit "ne pas avoir beaucoup de travail".

En mai - juin les alliés et les FFL résistent aux Allemands à Bir Hakeim, une des seules satisfactions alliées de l'année 1942, année de l'apogée de l'Axe. Pour la première fois depuis l'armistice, Allemands et Français sont face à face. Mais on dénombrera plus d'un millier de morts, de blessés et de disparus.

Après la prise de Tobrouk par les Allemands, Marcel Vincent semble un peu abattu : "aujourd'hui nous reculons encore (…) ça nous fait , en guère plus de 8 jours, un recul de près de 500 km. Il y a de l'abus. Pour comble, les Anglais se sont laissés prendre Tobrouk…"

Il rejoint alors El Alamein en Egypte, puis part pour Khartoun au Soudan où il reçoit officiellement sa Miltary Medal.

En août 1942, il repart pour Fort Lamy ( N'Djamena aujourd'hui ) au Tchad. A partir de cette ville, sa troupe et lui remontent vers le nord et traversent le Sahara pour rejoindre la Tunisie libérée en mai 1943.

 

Diaporama

 

1943, vers la Libération

En août 1943, les FFL cessent officiellement d'exister en fusionnant non sans difficulté avec l'armée Giraud. Désormais il n'y a plus qu'une seule armée française, celle de la Libération.

Il débarque en Provence sans combattre puis participe à des combats autour de la Pointe de Grave sur l'estuaire de la Gironde.

Après la libération de la France, Marcel Vincent sera porte drapeau lors de défilé militaire commémorant l'armistice le 8 mai 1945.

L'après-guerre

En 1945, il retourne au Tchad . Il est désormais officier.

En 1946, il recevra la légion d'honneur remise par le général de Larminat à Fort Archambault ( aujourd'hui Sahr ) au Tchad.

Il quittera l'armée en 1946 mais restera vivre en Afrique où il pourra se livrer à sa passion pour la chasse : il devient guide de chasse.

Il est élu député de ce territoire en 1949.

En mai 1950, il reçoit un cinéaste de "Connaissances du monde ". Au cours du tournage dans la brousse, il est blessé gravement par un lion. Il décédera le 27 mai 1950 des suites de ses blessures.

L'œuvre ainsi réalisée par Marcel Vincent et cette poignée d'hommes refusant la défaite de 1940 et rejoignant les FFL est plus qu'une simple parenthèse dans notre histoire : "C'est ce que nous avons fait de mieux !" confiera le général de Gaulle quelques mois avant de mourir à l'un de ses compagnons.

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