Né à Tourtenay, petit village du Nord des Deux-Sèvres, Gérard Pichot baigne depuis son enfance dans un climat famillial empreint de valeurs humanistes et républicaines. Face à l'occupation allemande, l'engagement dans l'action clandestine lui apparaît comme une évidence.
Il rejoint l'Organisation Civile et Militaire début 1943 aux côtés de son père Léonce Pichot, de son beau-père Abel Tounoire, de son beau-frère Jean Hélier et du père de ce dernier, Roger Hélier.
Ce groupe familial complété de 4 résistants thouarsais organise la réception de deux parachutages d'armes à la mi-juin 1943 au lieu-dit "La Petite Champagne" à Tourtenay. Les containers réceptionnés sont ramenés au village et dissimulés dans une cave souterraine.
Les investigations de la police allemande conduisent à l'arrestation de la plupart des membres du groupe le 9 août 1943. Gérard, absent de la ferme ce jour-là, est arrêté le 19 août par la Gestapo. Après plusieurs mois passés à la prison de Poitiers, il est transféré au camp de transit de Compiègne puis déporté à Buchenwald le 24 janvier 1944 où il reste jusqu'au 10 novembre 1944, date de son départ pour Dora.
Arrivé à Dora le 10 novembre 1944, il est d'abord affecté au kommando très difficile qu'est le transport-colonne dont le but est l'acheminement du matériel dans le tunnel. À la suite dune méprise de la part d'un kapo dont il est victime, il change de kommando et devient "magasinier" au Hall 21 où son quotidien devient moins pénible. Ce kommando lui donne l'occasion de mieux connaître le tunnel de Dora.
Les 3, 4 et 5 avril, c'est l'évacuation du camp et le début d'un long périple avant de retrouver le sol français et l'arrivée à Paris dans la nuit du 7 au 8 mai 1945, date de la capitulation allemande.
À son retour de déportation, la priorité est de se reconstruire. Jusque dans les années 1980, Gérard réservera sa parole aux membres de sa famille. Il se consacre au mutualisme au sein de la mutuelle sociale agricole, du Crédit Agricole, etc. et s'investit dans la vie de sa commune en tant que conseiller municipal puis de maire pendant de nombreuses années.
Les années 1980 voient la diffusion des thèses négationnistes qui poussent alors de nombreux anciens résistants et déportés à sortir de leur réserve. Gérard Pichot s'associe à d'autres camarades résistants et déportés pour créer à Thouars le Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes en 1986. Le Conservatoire se fixe pour objectifs la collecte de témoignages, d'archives et de documents, leur conservation et leur diffusion à un public le plus large possible.
L'action se tourne bien évidemment vers la jeunesse. Gérard Pichot témoigne aux côtés de son ami Robert Sibileau dans les établissements scolaires afin de sensibiliser les futures générations aux valeurs défendues par la Résistance et au rôle que chacun peut jouer en tant que citoyen dans la construction de la société.
En 1999, le Conservatoire crée le Centre Régional "Résistance & Liberté", espace de réflexion destiné à la transmission de l'histoire et des valeurs de la Résistance. Au sein du Centre Régional "Résistance & Liberté", infatiguable, Gérard Pichot poursuit jusqu'en 2009 ses interventions auprès des jeunes, concluant invariablement son discours de la phrase "Ni haine, ni oubli".
J'ai souhaité témoigner de mon engagement pour la défense des valeurs républicaines, socle de la société qu'il faut protéger, et de mon expérience concentrationnaire où l'homme est à nu, comme un devoir exclusif à la mémoire de ceux qui ne sont pas revenus. Une autre dimension s'exprime peu à peu : participer à nourrir une réflexion pour que la jeunesse reste vigilante et qu'elle trouve cette indispensable capacité d'indignation pour agir quand les valeurs de l'humanisme sont en danger.
Gérard Pichot