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Village martyr, l'exemple de Cerizay

En représailles d'actions de résistance menées dans les environs de Cerizay à La Crespelle durant le mois d'août 1944, les Allemands bombardent et incendient la ville le 25 août 1944.

Août 1944, tension chez l'occupant et menaces de représailles

Depuis la mi-août 1944, face à l'avancée des Alliés, les troupes allemandes font preuve d'une grande nervosité. Dans les environs de Cerizay la tension est palpable. Les habitants sont suspectés de protéger des résistants et de témoigner de la sympathie au groupe SAS du capitaine Fournier qui opère un harcèlement continu envers les Allemands depuis la mi-juillet. Établie au lieu-dit La Crespelle, la base SAS opère sabotages et embuscades contre l'ennemi. 16 opérations sont menées uniquement entre le 12 et le 22 août. La dernière, au Vigneau, fait plusieurs tués parmi les allemands dont un gradé. Les Allemands menacent de terribles représailles la population de Cerizay. Dans l'espoir de calmer les choses, le commandant Fournier dirigeant la base SAS ordonne un repli d'une partie des hommes vers Cholet afin d'épargner le village mais il est trop tard.

La destruction de Cerizay

­­Salon de coiffure France, route de Bressuire, Cerizay, août 1944 © Archives départementales des Deux-Sèvres

Salon de coiffure France, route de
Bressuire, Cerizay, août 1944
© Archives départementales des
Deux-Sèvres

Les 22 et 23 août, les Allemands mitraillent en traversant Cerizay, tuant deux civils : M. Guesdon et Mme Carpentier. 

Le 25 août 1944 jour de la libération de Paris, les Allemands installent, à l'entrée du village sur la route de Montravers ainsi que derrière le cimetière, 2 canons de 150 mm avec lesquels ils bombardent la ville durant plus d'une heure. D'abord interloqués, les villageois cèdent rapidement à la panique et fuient dans la campagne environnante. Mme Mougel, Marie Boisumeau et Mme Temperault sont tuées dans la cannonade. Parcourant la ville, les Allemands recherchent les "terroristes". On leur répond que les habitants ne sont pour rien dans l'attaque du Vigneau mais ils ne veulent rien entendre. Une seconde salve d'obus est tirée.

C'est vers 13h30 que les Allemands annoncent leur intention de brûler la ville. Un immense incendie consume la ville jusqu'au soir, sans que les habitants ne puissent faire quoi que ce soit.

Ce jour-là, 172 maisons sont touchées dont 104 sont totalement détruites. 3 habitants trouvent la mort et 664 personnes se retrouvent sans abri.

Les victimes à Montravers

La journée du 25 août est également meurtrière pour le village de Montravers qui compte 8 victimes :

- André Schmidt, un parachutiste SAS d'origine Lorraine.

- Madame Billy, sa fille Madeleine et sa nièce Odile.

- 4 fusillés : Charles et Théodore Bobin, Joseph Gautier et Joseph Vion

Témoignage de Constant Vaillant

« […] La nouvelle vole de lèvres en lèvres : la BBC vient de nous apprendre la libération de Paris…

[…] Il était environ 14 heures quand un épais nuage de fumée se dessina dans le ciel […]. Juchés dans les arbres, sur les paillers, nous voyions progressivement la fumée grossir désespérément, et se rapprocher du centre du bourg. Nous ne pouvions plus douter de l'immensité de notre malheur. Cerizay brûlait ! La rage démoniaque d'une horde déchaînée s'acharnait sur les amas de ruines, détruisant par le feu ce que, involontairement, l'obus avait épargné.

En de longues et d’interminables heures, cette vision dantesque d’une ville embrasée s’amplifiait, des flammes affolantes surgissaient de partout, à droite et à gauche, trouant la fumée noire, qui comme un linceul de deuil s’étendait sur la cité. »

« Brutes déchaînées, parcourant le pays, défonçant les portes à coups de pied ou de crosse, jetant par terre ce qui se trouvait sur les tables, dans les meubles, ils répandaient du pétrole et y mettaient le feu à l’aide de grenades incendiaires ou simplement d’allumettes. Quelqu’un au péril de sa vie tentant de sortir de la maison, quelques souvenirs sacrés se les vit arracher et s’attira cette réponse : personne ne doit toucher à quoi que ce soit. Butin de guerre allemand. Tout doit brûler. »

« Bruits terrifiants parce que chargés d’inconnu, chacun pouvant cacher un nouveau danger : martèlement des sabots des chevaux sur la route toute proche, appels gutturaux des conducteurs, claquement secs des fusils… Et toujours, cette ronde infernale des avions au-dessus de nos têtes, rasant les murs, les arbres et le toit des granges, faisant hurler les enfants et pleurer les mères, impuissantes à calmer les cauchemars de leurs petits, qui seront des nuits à sursauter dans leur petit lit en criant : Maman, j’ai peur ! »

Extrait de  : Constant Vaillant, Le drame du 25 août 1944, Cerizay, 1984

Documents

Procès verbal constatant des renseignements sur l’incendie de Cerizay par les troupes allemandes établi par la brigade de gendarmerie de Cerizay le 30 août 1944, Archives du procès militaire de Nuremberg. © Archives privées Delphin Debenest

Archives du procès militaire de Nuremberg © Archives privées Delphin Debenest 

Archives du procès militaire de Nuremberg © Archives privées Delphin Debenest 

Archives du procès militaire de Nuremberg © Archives privées Delphin Debenest 


 

 

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Façade de l'école route de Pouzauges - Cerizay - août 1944 © Archives Départementales des Deux-Sèvres
Façade de l'école route de Pouzauges - Cerizay - août 1944 © Archives Départementales des Deux-Sèvres

En savoir plus

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Carte des lieux de mémoire

Remarques

- Ce même 25 août 1944, le village de Maillé en Indre-et-Loire est rayé de la carte. Encerclé et isolé par les troupes allemandes, le village est d'abord violemment bombardé puis ses habitants méthodiquement massacrés, en représailles d'actions répétées de sabotage pratiquées par les résistants sur la voie ferrée voisine. Le bilan dramatique de cette tuerie : 124 morts, 52 maisons détruites sur 60. Découvrez la Maison du Souvenir de Maillé.

- Le 20 octobre 1950, la Croix de Guerre a été remise par le Général Catroux à la ville de Cerizay. La citation indique " Pour avoir apporté son concours à des organismes de résistance et ardemment milité pour l'oeuvre de la Libération Nationale".

Sources d'information

- Archives du Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

- Chaumet M., Pouplain J-M., La Résistance en Deux-Sèvres 1940-1944, Geste éditions, La Crèche, 2010

- Vaillant C., Le drame du 25 août 1944, Cerizay, 1984.

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