Date : Nuits du 19 au 20 juin 1943 et du 20 au 21 juin 1943
Organisation : Organisation Civile et Militaire (OCM)
Message de la BBC : « Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là »
Participants :
Roger Bernard, responsable OCM de Lageon et chef de terrain, Eugène Brisset, chef OCM de Parthenay, André Bouchet, Samuel Jaud, Henri Martin
A la demande de Roger Bernard, d'autres hommes prêtent main forte à l'équipe pour la manutention, le transport, ou pour établir une nouvelle cache. Pour le 1er parachutage : Alcide Poublanc (père), Narcisse Poublanc (fils). Pour le 2e parachutage : Clovis Mirbeau, Henri Moles, Abel Noirbusson, Henri Petrault, Joseph Potiron, Marcel Servant, Arsène Valleau.
Pour une raison inconnue, le chargement du premier parachutage est largué hors du terrain balisé. L'avion effectue un premier passage au-dessus du champ puis continue vers Parthenay. Un instant de doute assaille l'équipe de réception .. et si l'avion ne revenait pas ? Il réapparaît néanmoins pour se délester de son chargement, mais... très à gauche du terrain où l'équipe attend. Puis il disparaît complètement.
Désappointés par cette manœuvre, les résistants recherchent ce qui a pu être parachuté, quand vers trois heures du matin, André Bouchet aperçoit de la fumée. Tout en s'approchant, il constate qu'un container a explosé, mettant le feu à un arbre et éparpillant des paquets d'explosifs.
Les sept parachutes et leurs containers sont retrouvés au lieu-dit "Le Grand-Bois", par le domestique du voisin d'Alcide Poublanc, lequel, sitôt informé, prévient Roger Bernard, de Lageon, responsable OCM du secteur.
Après avoir été cachés rapidement sous des fougères, les containers sont chargés sur une charrette à bœufs par Narcisse Poublanc (fils) puis acheminés avec le même attelage par Alcide Poublanc (père) jusqu'au magasin à grains de Roger Bernard, à la gare de Gourgé. Là, ces containers sont provisoirement cachés sous le quai en bois qui sert à la manutention des sacs.
C'est dans cette même cache que seront entreposés les containers du deuxième parachutage la nuit du 20 au 21 juin, lequel s'est déroulé, comme prévu, dans le pré " La Carrière ", au Mélier de Lageon.
L'abattage de branches qui retiennent le parachute et l'éloignement du matériel, réceptionné dans le chemin du " Bouchet " sont les seuls incidents survenus lors de cette opération.
Pendant ce temps, s'achève au village, la noce de Marcel Potiron. La cérémonie terminée, Abel Noirbusson transporte le précieux chargement au dépôt de la gare de Gourgé, en remplacement de Joseph Potiron (père), empêché.
Depuis l'accident de l'incendie lors du premier parachutage, des rumeurs circulent dans la population et l'inquiétude grandit dans l'équipe. Aussi, dans la crainte d'une possible enquête de la police allemande, les containers sont déménagés jusqu'à la ferme de Marcel Servant, " Au plessis aux Grolles " à Gourgé.
Là, ils sont stockés une première fois dans une petite écurie, recouverts de fagots de bois. L'odeur de la poudre et du plastic devenant trop forte, un deuxième transfert est entrepris. Les containers sont cachés dans un fossé.
Après quelques semaines, l'odeur caractéristique est à nouveau perçue à travers la terre. Marcel Servant entreprend d'effectuer un nouveau transfert. Les containers sont cachés dans un tas de betteraves dans une grange en espérant que l'odeur de la poudre et des betteraves se confondent. Mais, au cours de l'hiver, la consommation des betteraves par les animaux libère peu à peu le matériel de sa cachette. Un quatrième déménagement est entrepris : les armes sont cachées sous un tas d'épines.
C'est à cet endroit que Georges Guignard et un aide, Mr Bourreau, tous les deux armés, viennent prendre possession de ces armes et de ces munitions, avec deux charrettes et quatre chevaux. Les chargements sont recouverts de fumier et le convoi prend la route en direction de Poitiers.
Seul dépôt sauvé des rafles et perquisitions menées au cours de l'été 1943, les armes serviront à armer les F.F.I. et la Compagnie Guignard du 114e Régiment d'Infanterie.
Les craintes d'une réaction de la police allemande se concrétisent brutalement par l'arrestation d'Eugène Brisset le 5 août 1943.
Aussitôt informé par Maurice Joubert, Roger Bernard en avise ses camarades et les invite à s'éloigner pendant quelques jours. La plupart ne peuvent s'y résoudre pour des raisons professionnelles ou familiales, les risques de voir leurs familles arrêtées étant trop grands.
La majorité des résistants de Lageon n'est pas affiliée à un réseau à l'époque des parachutages. Leur participation est spontanée et motivée par les chefs de la Résistance, membre de l'OCM qui cherchent de l'aide pour organiser ces actions.
Narcisse Poublanc, arrêté en même temps que son père, le 10 août 1943, sera libéré le 14 janvier 1944, après le jugement à Niort, suivi de 40 jours de cachot. Il reste persuadé que sa déposition, indiquant : " qu'il avait contribué à éteindre l'incendie du premier parachutage pour protéger les récoltes avoisinantes, sérieusement menacées ", l'a sauvé de la déportation.
Henri Petrault, persistant à dire " qu'il n'a rien vu, rien entendu ", sera libéré après huit jours de prison.
Le docteur Daniel Bouchet, Roger Hélier, et André Besnard, condamnés à mort par le Tribunal Militaire Allemand le 18 décembre 1943, seront déportés à Buchenwald le 21 janvier 1944.
Directeur du ciné théâtre de Parthenay (79). Originaire de Doué-La-Fontaine (Maine-et-Loire). Membre du réseau Organisation Civile et Militaire (OCM). Arrêté le 5 août 1943. Incarcéré à Poitiers puis transféré à Compiègne. Déporté à Buchenwald puis à Mauthausen (Kommando Gusen). Décédé à Gusen (Autriche) le 3 février 1945.
Employé chez M. Bernard, grainetier. Originaire de Châtillon-sur-Thouet (79). Membre du réseau Organisation Civile et Militaire (OCM). Arrêté le 10 août 1943 pour participation à des parachutages et dépôts d'armes. Incarcéré à Poitiers jusqu'au 21 janvier 1944. Transféré à Compiègne puis déporté à Buchenwald.
Instituteur à Lageon (79). Originaire de Libourne (Gironde). Membre du réseau Organisation Civile et Militaire (OCM). Arrêté le 10 août 1943. Emprisonné à Poitiers. Transféré à Compiègne. Déporté à Buchenwald et Mauthausen. Puis à Harteim où il décède le 8 juillet 1944.
Agriculteur-cafetier. Originaire de Châtillon-sur-Thouet (Deux Sèvres). Membre du réseau Organisation Civile et Militaire (OCM). Arrêté le 10 août 1943 pour participation à des parachutages et stocks d'armes. Emprisonné à Poitiers. Transféré à Compiègne. Déporté à Buchenwald puis à Flossenburg où il décède le 11 mars 1944. Ces cendres ont été rapatriées au Cimetière National de Rivaucourt (Oise).
Agriculteur. Originaire d'Amailloux (Deux- Sèvres). Membre du réseau Organisation Civile et Militaire (OCM). Arrêté pour participation à des parachutages et caches d'armes le 10 août 1943. Emprisonné à Poitiers. Transféré à Compiègne puis déporté à Buchenwald le 22 janvier 1944 où il décède le 14 juillet 1944.
Agriculteur. Originaire de La Chapelle-Bertrand (Deux-Sèvres). Membre du réseau Organisation Civile et Militaire (OCM). Arrêté pour participation à des parachutages et caches d'armes, le 10 août 1943. Emprisonné à Poitiers, transféré à Compiègne puis déporté à Buchenwald le 22 janvier 1944. Décédé le 20 mars 1945 à Bergen-Belsen.
Agriculteur. Originaire de Gourgé (Deux-Sèvres). Membre du réseau Organisation Civile et Militaire (OCM). Arrêté pour participation à des parachutages et caches d'armes. Emprisonné à Poitiers, transféré à Compiègne puis déporté à Buchenwald le 22 janvier 1944 puis à Helrich, Dora où il est décédé le 3 janvier 1945.
Agriculteur. Originaire de Louin (Deux-Sèvres). Membre du réseau Organisation Civile et Militaire (OCM). Arrêté pour participation à des parachutages et caches d'armes le 10 août 1943. Emprisonné à Poitiers, transféré à Compiègne puis déporté à Buchenwald le 21 janvier 1944. Il décède à Flossenburg le 6 mars 1945. Il est incinéré le 8 mars 1945.
- Archives du Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes
- Chaumet M., Pouplain J-M., La Résistance en Deux-Sèvres 1940-1944, Geste éditions, La Crèche, 2010
Si vous souhaitez recevoir gratuitement la brochure papier consacrée au monument commémoratif de Lageon réalisée par le Centre Régional " Résistance & Liberté ", vous pouvez en faire la demande en contactant le Centre d'Histoire :
info@crrl.fr
05 49 66 42 99