Centre Régional Résistance & Liberté

Les institutions provisoires

Les bases de la reconstruction des institutions du pays sont jetées dans la clandestinité par le Comité Français de Libération Nationale puis le Gouvernement Provisoire de la République Française. A la libération, ces organes institutionnels se révèlent et assurent l'administration du territoire dans l'attente des élections.

Le Gouvernement provisoire de la République française

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­­Affiche représentant Marianne foulant la croix gammée - Août 1944 © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes [6]

Affiche représentant Marianne
foulant la croix gammée -
Août 1944 © Conservatoire
de la Résistance et de la
Déportation des Deux-Sèvres
et des régions limitrophes

C'est dans la clandestinité, depuis Londres et Alger, que se prépare l'indispensable renouveau constitutionnel pour la restauration de la légalité républicaine. Chef de file, le général de Gaulle et ses partisans préparent le retour des pouvoirs législatif et exécutif entre le printemps 1943 et le printemps 1944. Le Comité Français de Libération Nationale (créé à Alger le 3 juin 1943), par l'ordonnance du 21 avril 1944, fixe de manière définitive la nouvelle organisation des pouvoirs publics en France devant se substituer, le moment venu, à l'administration instaurée par le Régime de Vichy.

À la veille du débarquement, le Gouvernement Provisoire de la République Française (créé le 3 juin 1944), fort de ces ordonnances et décrets se tient donc prêt à restaurer la légalité républicaine pour effacer le régime de Vichy, éviter le vide institutionnel à la libération et anéantir le projet d'AMGOT projeté par les Alliés en France.

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­­­­Billet frappé par ladministration américaine - 1944. Don Sébastien Maurin © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes [8]

Billet frappé par l'administration américaine
- 1944 © Sébastien Maurin

AMGOT (Allied Military Government Occupied Territories) vise à assurer l'administration des territoires libérés ou occupés par les Alliés. À la veille du débarquement, le gouvernement américain, ne reconnaissant pas la légitimité du Gouvernement Provisoire de la République Française, souhaite étendre l'AMGOT à la France.

S'appuyant sur l'unité relative de la Résistance et sur le soutien de l'opinion publique, le général de Gaulle a forgé, dans la clandestinité, les pouvoirs institutionnels capables de succéder au régime de Vichy. Il met un terme à la volonté américaine.

Schéma des nouveaux échelons du pouvoir

Les commissaires de la République

Au niveau régional, la France Libre conserve la structure héritée de l'administration de Vichy. La région Poitou-Charentes reste composée de 5 départements : la Vendée, les Deux-Sèvres, la Vienne, la Charente et la Charente-Maritime.

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­­Jean Schuhler - Commissaire Régional de la République © Office National des Anciens Combattants de la Vienne [10]

Jean Schuhler - Commissaire Régional de
la République © Office National des
Anciens Combattants de la Vienne

Jean Schuhler, avocat parisien, fidèle du général de Gaulle, est nommé Commissaire Régional de la République en juin 1944. Représentant direct du GPRF, supervisant l'action des préfets départementaux, il s'efforce de rétablir la légalité républicaine en contrôlant la répression de la collaboration et l'épuration [11], en permettant le maintien de l'ordre. Installé à Poitiers, il prend ses fonctions au grand jour le 5 septembre 1944.

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Le préfet des Deux-Sèvres : René Hudeley

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­­Message du Préfet Hudeley encourageant les Deux-Sèvriens à reprendre le travail © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes [15]

Message du Préfet Hudeley
encourageant les Deux-
Sèvriens à reprendre le travail

La préparation de la Libération et ses lendemains sont incontestablement marqués, dans le département des Deux-Sèvres, par la personnalité du nouveau préfet, René Hudeley, nommé dès le mois de mai 1944. Bien accueilli par la Résistance locale, travaillant de concert avec elle, peu à peu le Comité Départemental des Deux-Sèvres se soumet aux volontés du nouveau préfet.

Homme à la forte personnalité, né en 1896 en Franche-Comté, René Hudeley, professeur de sciences physiques à Niort de 1930 à 1938, est de tous les combats en faveur de la démocratie et du socialisme. Homme de gauche (membre de la SFIO à partir de 1930), engagé dans la lutte contre le fascisme (secrétaire général du Front Populaire, président départemental de la ligue des droits de l'homme en 1935), il quitte la région niortaise pour Paris et le lycée Louis-le-Grand où il enseigne jusqu'au printemps 1944. Ne se détournant pas de ses idéaux, il reste en contact avec les militants socialistes clandestins qui fondent et animent Libé-Nord [16] (Robert Verdier, Edouard Depreux, Henri Ribière)

Nommé clandestinement préfet des Deux-Sèvres par Michel Debré (Turquant), chargé par de Gaulle d'organiser les nouvelles autorités civiles, René Hudeley rejoint les Deux-Sèvres le 15 mai 1944. Il prend ses fonctions officielles le 6 septembre 1944.

Ses missions

  • Préparer le passage de l'administration de Vichy à celle de la France Libre et éviter toute vacance du pouvoir à la Libération à l'échelon départemental
  • Préparer la recomposition du Comité Départemental de Libération
  • Préparer l'épuration
  • Préparer le retour à une information libre

Entre mai et septembre 1944, dans l'ombre, il coordonne la préparation civile de la Libération en étroite collaboration avec Edmond Proust [17] . Sa personnalité le conduit à peser dans la désignation, par Londres, des responsables des autres autorités civiles départementales (Joseph Pineau comme président du Comité Départemental de Libération) ou militaires (Edmond Proust comme chef des Forces Françaises de l'Intérieur [18]). Les relations d'amitiés et de sympathie idéologique qui unissent ces hommes assurent stabilité et autorité au préfet.

Les Comités Départementaux de Libération

Le Comité Départemental de Libération (CDL), créé difficilement entre l'été 1943 et le printemps 1944 en raison, notamment de la répression allemande qui frappe ses acteurs, a pour missions principales au lendemain de la libération d'assurer le ravitaillement, la reconstruction, l'administration courante du département, d'organiser la création des Comités Locaux de Libération voire … l'épuration [19]. En attendant les élections cantonales à venir, il assure la représentation populaire. Aussi, plus qu'un organe issu de la Résistance, il se veut le reflet des réalités sociales du département et non une stricte expression politique de la Résistance : partis politiques, syndicats et principaux mouvements de la Résistance sont représentés.

Proclamation du Président du CDL à l'occasion de sa prise de fonction © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes [20]

Constitution du Comité départemental de Libération (septembre 1944) :

Président : Joseph Pineau (Libé-Nord [21]) (succède à Henri Lambert arrêté et déporté en juin 1944)

Membres :

  • Emile Bêche (ancien député et nouveau maire de Niort - SFIO)
  • Clovis Macouin (député de Parthenay – Parti de droite)
  • Emile Poirault (nouveau maire de Thouars – Radical socialiste)
  • Charles Marché (SFIO)
  • Camille Lombard (Parti Communiste)
  • M. Gurgand (CGT)
  • M. Arnaud (Mouvement Paysan)
  • Père Dénéchault (Prêtre et conseiller municipal de Secondigny)
  • M. Jospin (Pasteur de Celles-sur-Belle)
  • M. De Peretti (responsable du mouvement Résistance [22])
  • M. Pairault
  • Paul Léau (responsable du Front National [23])

Les Comités Locaux de Libération

Autorité locale, devant être à l'image du Conseil National de la Résistance [24] et du Comité Départemental de Libération (CDL) dans sa constitution, les Comités Locaux de Libération sont soumis à l'autorité du préfet et du CDL.

Monsieur,

Nous avons bien reçu la liste des membres du comité local de la libération que vous nous avez communiquée.

Nous regrettons de ne pouvoir agréer votre comité tant que vous nous aurez pas indiqué à quel titre ses membres sont entrés.

Nous vous rappelons que le comité local doit être composé à l'image du Comité Départemental de Libération de résistants représentants les groupes de résistances, les partis politiques et les confessions religieuses de votre région.

Lettre du vice-président du Comité Départemental des Deux-Sèvres au président du Comité Local de Libération de Loizé - 13 décembre 1944 © Archives Départementales des Deux-Sèvres

Monsieur,

[…] L'action des comités locaux consiste surtout à informer le Comité Départemental de Libération des faits de trahison, de collaboration, de trafic illicite,… et de transmettre à notre bureau les dossiers que vous pourrez consulter.

Le Comité Départemental de Libération recevra d'autre part les divers vœux que vous croirez devoir formuler dans l'intérêt de la population.

Lettre du président du Comité Départemental de Libération des Deux-Sèvres à Monsieur le Président du Comité Local de Libération de Pamproux, Villemain, Mellereau, Vasles, Loizé, Melle - Niort le 5 janvier 1945 © Archives Départementales des Deux-Sèvres

 

Aux côtés des Comités Locaux de Libération, des municipalités provisoires sont organisées. Partout, les conseillers municipaux nommés par Vichy sont écartés et remplacés soit par les anciens conseillers eux-mêmes écartés par l'administration de Vichy soit par des éléments issus de la Résistance.

Toutes les communes de plus de 2000 habitants sont dotées de conseils provisoires. Le visage politique des nouveaux conseillers nommés reflète, tout du moins pour les villes du département, l'héritage politique et le poids de ces courants dans la Résistance.

Les courants politiques des maires des principales villes du département :

  • Niort : Socialiste
  • Thouars - Parthenay : Radicaux-modérés
  • Melle : Radicaux-socialistes
  • Bressuire : Modérés

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