Centre Régional Résistance & Liberté

Parachutage de Maisontiers "Le bois de dix-heures"

Dans la nuit du 24 au 25 juillet 1943, 17 résistants du mouvement Organisation Civile et Militaire (OCM) réceptionnent trois tonnes d'armes parachutées sur le terrain dit de « La grande Prairie » à proximité de Maisontiers.

Fiche technique

Date : Nuit du 24 au 25 juillet 1943

Organisation : Organisation Civile et Militaire [6] (OCM)

Message de la BBC : « Si je meurs, venge-moi » 

Participants : André Bernard, Monique Bouchet, Ernest Cailleau, Casimir Geantet, Camille Guindon, Lucien Merceron, Arsène Bonet, André Boutin, René Cler, Marcel Grimault, Roger Hélier

Le docteur Daniel Bouchet, retenu en Charente par une autre mission est remplacé par André Bernard, garagiste à Saint-Loup-sur-Thouet. 

Matériel réceptionné :

Trois tonnes d'armes, réparties en 16 containers de 150 kg apportent aux résistants :

117 mitraillettes avec leurs chargeurs et munitions

85 revolvers à barillet de 6 balles 9 mm

105 revolvers à barillet de 5 balles 11 mm

4 pneus destinés au Maire de Bressuire, le docteur Bernard

Le parachutage

À la demande du docteur Daniel Bouchet de Saint-Loup-sur-Thouet, un terrain est recherché par Ernest Cailleau, exploitant à la " Pommeraie ". " La Grande Prairie ", dissimulée par les arbres est choisie pour sa situation et ses dimensions : 500 m de long et 100 m de large.

Deux parachutages sont programmés pour les 11 et 19 juin, mais l'avion ne vient pas. Finalement, l'événement se produit dans la nuit du 24 au 25 juillet .

Une faible partie des armes est transportée à Ripère et cachée par Arsène Bonet. Le reste est acheminé à Saint-Loup-sur-Thouet dans le garage du docteur Bouchet puis transporté à nouveau dans le clocher de l'église de Louin par André Boutin et Rémi Loubeau.

Le samedi 7 août, dès l'arrestation d'Eugène Brisset, responsable OCM de Parthenay, le groupe de Maisontiers décide de changer les armes de place. Dans la nuit même Ernest Cailleau les transporte avec son cheval et sa carriole de la ferme des " Brûlots " au " Bois de dix-heures ", cachées sous des fagots de bois.

Gabriel Cailleau et Marcel Gourdon, ouvriers agricoles chez Ernest Cailleau passent une partie de la nuit à enterrer les toiles de parachutes dans le jardin de la " Pommeraie " en dissimulant la cache par une plantation de poireaux.

La découverte des armes par les allemands

Le ménage Grimault et leurs deux enfants occupent la ferme isolée " Les Brûlots ". Le mari travaille chez Maurice Clisson à " l'Orge Boisseau " et son épouse surveille les troupeaux au pré de Mr Cailleau.

Ce 9 août 1943, Odette Grimault est restée à la maison près de son fils Jean alité pour une angine lorsqu'elle voit arriver une voiture. Un civil en descend et s'adresse à elle : " Madame. Vous. Cacher des armes ici ". Contenant son émotion, elle tente de persuader le policier qu'il s'agit d'une erreur.

Il demande alors à parler à M.Grimault absent puisqu'il travaille chez M.Clisson. Elle tente de le détourner de ses intentions en expliquant que son mari travaille au loin et qu'il rentre tard le soir. L'homme s'énerve et l'entraîne vers une seconde voiture arrivée pendant la conversation et lui ordonne de le conduire chez l'employeur, Maurice Clisson à " l'Orge Boisseau ".

Sur place, ils arrêtent Marcel Grimault, puis reviennent à la ferme. A l'arrivée, ils invitent Mme Grimault à retourner près de son fils et poussent son mari dans l'étable où l'interrogatoire débute sous les coups. Il est pendu par les pieds à une poutre du faîtage et maltraité avec force mais n'avoue pas. Son supplice prend fin lorsqu'un des policiers resté à l'extérieur découvre des traces laissées par des roues de charrette se dirigeant vers le bois. C'est la trace de l'évacuation des armes de l'avant dernière nuit ; elle conduit directement au stock, sous un tas de bois.

Réquisitionnant les voisins de " la Dube ", Messieurs Croizé père et fils, les policiers font transporter les armes jusqu'à la route où elles sont chargées sur un camion. Mme Grimault voit partir son mari, pour toujours, en mauvais état, sans pouvoir lui adresser un mot.

La répression

Ce même jour sont arrêtés le docteur Daniel Bouchet de Saint-Loup-sur-Thouet et Roger Hélier de la Chapelle-Saint-Laurent, responsables OCM. Ils sont mis au secret à la prison de la Pierre Levée [7] à Poitiers et condamnés à Niort le 18 décembre puis déportés à Buchenwald.

Le 6 octobre, la répression s'abat de nouveau sur le groupe et se traduit par l'arrestation à Saint-Loup-sur-Thouet du docteur Cler et de Jean Thalbault ; à Louin de André Boutin et de son fils Michel ; à Ripère de Arsène Bonet, Camille Guindon, Casimir Geantet et à Maisontiers de Ernest Cailleau et de Lucien Merceron. Tous sont emprisonnés à la Pierre Levée de Poitiers.

En juillet 1944, des armes de ce parachutage du " Bois de dix-heures " conservées et entretenues par les épouses des résistants arrêtés, Mesdames Grimault, Geantet et Bonet, sont remises à Gabriel Cailleau qui les livre à Messieurs Moreau et Robert Cailleau du maquis de la région de Parthenay.

Quatre résistants de Maisontiers morts en déportation :

Marcel Grimault (1899-1944) [8]Marcel Grimault ( 1899 - 1944 )

Agriculteur originaire d'Amailloux ( Deux-Sèvres ). Membre du mouvement Organisation Civile et Militaire [9] ( OCM), il participe aux côtés d'autres résistants au parachutage du « Bois de dix-heures » à Maisontiers. Arrêté pour participation à des parachutages et dépôt d'armes, il est déporté au camp de Flossenburg [10] du 22 janvier au 28 octobre 1944 date de son décès.

 

Casimir Geantet (1901-1944) [11]Casimir Geantet ( 1901 - 1944 )

Agriculteur originaire d' Amailloux ( Deux-Sèvres ). Membre de l'OCM, il participe au parachutage de Maisontiers « Le bois de dix-heures ». Arrêté pour participation à des parachutages le06 octobre 1943, il est déporté au camp de Hradisko où il décède le 14 mars 1944.

 

Ernest Cailleau (1888-1944) [12]Ernest Cailleau ( 1888 - 1944 )

Agriculteur originaire de Maisontiers ( Deux-Sèvres ) et installé au lieu-dit « La Pommeraie ». Membre de l'OCM, il est chargé de la recherche du terrain pour le parachutage de Maisontiers, ce sera le Bois de Dix Heures.

Suite à l'arrestation d'un cadre du mouvement, il doit déplacer une partie des armes dissimulée à la ferme des « Brûlots » pour les cacher au « Bois de dix-heures » sous des fagots de bois.

Trahi par les traces de roues de la charrette qu'il a utilisé, repérées par les policiers, il est arrêté le 6 octobre 1943.

Interné à la prison de la Pierre Levée de Poitiers jusqu'au 15/01/1944, il est transféré à Compiègne. Déporté à Buchenwald [13] le 21 janvier 1944 puis à Flossenburg [14] où il est affecté au kommando Mulsen, il décède le 15 décembre 1944.

Arsène Bonnet (1898-1944) [15]Arsène Bonnet ( 1888 - 1944 )

Agriculteur originaire de Maisontiers ( Deux-Sèvres ). Membre du réseau Organisation Civile et Militaire, il participe aux côtés d'autres résistants au parachutage du « Bois de dix-heures » à Maisontiers. Il est chargé de dissimuler une partie des armes réceptionnées.

Arrêté le 6 octobre 1943 pour participation à des parachutages, il est interné à Poitiers, à la prison de la Pierre Levée [16] puis à Compiègne jusqu'au 21 janvier 1944. Il est alors déporté au camp de Buchenwald [17] puis transféré à Flossenburg [18], Kommando de Mulsen où il décède le 12 septembre 1944.

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