Centre Régional Résistance & Liberté

Opérateur radio à l'hôpital de Thouars

Dès le printemps 1941, le groupe autonome Chauvenet-Richetta est mis en contact avec le réseau de renseignements Confrérie Notre-Dame. L'hôpital de Thouars abrite clandestinement le premier poste émetteur en service dans les Deux-Sèvres et son technicien radio Bernard Anquetil.

Été 1940

En Thouarsais, dès l'été 1940 se constitue un groupe autonome organisé autour de Gabriel Richetta (percepteur à Oiron) et André Chauvenet (chirurgien à l'hôpital de Thouars). Peu structuré et sans contact avec la France libre, le groupe prend des contacts en Indre-et-Loire, Maine-et-loire et Vienne pour étoffer « l'organisation anti-allemande » naissante. Si, dans un premier temps, l'action consiste à récolter les armes abandonnées, la rencontre en mars 1941 avec Gilbert Renault (Rémy) [6] est décisive. Le groupe autonome est intégré au réseau de renseignements Confrérie Notre-Dame [7] rattaché à la France libre et créé à l'été 1940 par Rémy. Les missions principales sont la collecte et la transmission de renseignements sur le mouvement des troupes allemandes sur la façade atlantique et l'organisation d'actions aériennes (réception de parachutages, organisation de terrains d'atterrissage pour l'exfiltration d'agents vers l'Angleterre, etc.). Le réseau thouarsais étend ses ramifications en Poitou, Anjou, Tourraine et Bordelais.

Le premier poste émetteur en Deux-Sèvres : Cyrano

Au printemps 1941, Rémy confie à l'organisation thouarsaise la protection du premier poste émetteur en service en Deux-Sèvres : « Cyrano ». Acheminé grâce au consul de France à Madrid, il est installé dans un premier temps au château d'Auboué avec le technicien radio Bernard Anquetil (Lhermitte) sous la protection d'Armand Chudreau, puis déplacé dans le service de radiologie de l'hôpital de Thouars.

Depuis une petite pièce attenante à la salle de radiologie du docteur Colas, Lhermitte émet les messages, provenant entre autre de Brest, à la France libre. Grâce aux renseignements transmis par Bernard Anquetil, les cuirassés de la Kriegsmarine Scharnhorst et Gneisenau sont attaqués dans la rade de Brest tandis que le Bismarck est intercepté avant d'atteindre la côte française.

L'étau répressif se resserre

Équipées de système goniométrique pour repérer les émissions, les patrouilles allemandes rodent dangereusement autour de l'hôpital de Thouars. Décision est prise de transférer « Cyrano » et Bernard Anquetil à Saumur. Par l'intermédiaire de Jean Decker (oncle de « Rémy »), l'installation se fait d'abord chez Madelin (officier de marine du cadre de réserve) puis dans une maison d'Henri Combes. Repéré par les voitures goniométrique, il est arrêté pendant une émission le 31 juillet 1941. Il réussit à détruire le message et jette par la fenêtre son poste émetteur. Interné à la prison du Pré-Pigeon à Angers, il comparaît devant une cour martiale le 15 octobre 1941. Condamné à mort, il est fusillé le 24 octobre 1941 au Mont-Valérien.

Le groupe thouarsais poursuit l'action en participant à des actions aériennes à Tourtenay [8] et Saint-Léger-de-Montbrillais [9]. L'étau répressif se resserre. André Chauvenet est arrêté le 21 janvier 1942, interné à la prison de Fresnes, il est déporté Nacht und Nebel dans différentes prisons allemandes (Hinzert, Wittlich, Trêves, Tegel-Berlin, Bautzen, Dresde, Radeberg) avant d'être transféré dans le camp de concentration de Buchenwald. André Colas, arrêté le même jour et interné à Fresnes, sera libéré en juin 1942. Gabriel Richetta et Raymond Chessé, arrêtés respectivement le 7 et 11 mars 1942, sont condamnés à mort à l'issue d'un procès tenu à l'hôtel Continental à Paris à la fin du mois de mai 1942. Internés à la prison de Klingelpeutz à Cologne, ils sont décapités le 1er septembre 1942. L'abbé Chauvat et Maurice Geslin subissent un sort identique. Maurice Bonneau et Renard décèdent avant l'exécution de leurs amis.

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