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III. La mise en place de la IVe République

À la Libération, les sentiments s'entremêlent. À la joie succèdent bien souvent douleur et colère nourries de l'illusion d'un retour rapide à la normale et de l'expression des rancœurs contenues pendant ces quatre années d'Occupation. Le retour à la légalité et à la République ne se fait pas sans heurts.
Une société à reconstruire !
Les bases sont jetées dans la clandestinité par le Comité Français de Libération Nationale puis le Gouvernement Provisoire de la République Française et par la voie du Conseil National de la Résistance qui édicte, le 15 mars 1944, un programme d'actions à mettre en œuvre à la Libération.

L'Épuration

femme tondue © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophesSi le climat est à la liesse populaire, 1944 sonne aussi l'heure des règlements de comptes. Une épuration extra-judiciaire ou "sauvage" se met en place, qui se manifeste également dans les Deux-Sèvres. Rancœurs accumulées et désir de vengeance se traduisent par des actions violentes et d'humiliation publique envers les femmes soupçonnées de collaboration charnelle avec l'occupant. 

 

 

Tonte d'une femme soupçonnée de collaboration dans les Deux-Sèvres - fin 1944 © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes 

 

presse 1944 © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophesL'épuration touche tous les secteurs économiques et institutionnels dont la presse. Les journaux collaborationnistes comme Le Mémorial des Deux-Sèvres disparaissent. D'autres, souvent issus de la clandestinité comme La Nouvelle République naissent dès septembre 1944. Rompant avec les pratiques du régime de Vichy, le Gouvernement Provisoire de la République Française veut permettre la naissance d'une presse libre.

 

 

Extrait du Courrier de l'Ouest daté du 12 octobre 1944 © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes 


Reconstruire l'économie

viaduc Thouars reconstruction © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophesLes Deux-Sèvres sont peu touchées par les destructions massives. La difficulté réside surtout dans la circulation tant des biens que des personnes nécessaires à la reconstruction et au ravitaillement. Il faut plusieurs mois pour vaincre l'isolement provoqué par la destruction des principaux ponts, voies ferrées, gares, axes routiers détruits par les bombardements.

 

Reconstruction des piles du Viaduc de chemin de fer à Thouars (ligne Paris-Bordeaux) - 1945-1946 © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes 


Au problème crucial du ravitaillement lié à la destruction des infrastructures se superposent les difficultés de chauffage. Les stocks de combustibles, déjà insuffisants pour faire face à la remise en route de l'industrie française, s'épuisent. À la veille de l'hiver 1944-1945, l'un des plus rigoureux, la question du charbon et du bois de chauffage est sur toutes les lèvres face à la pénurie dramatique constatée dans les villes.

 

article penurie bois © Archives Départementales des Deux-Sèvres

 Extrait de la Nouvelle République daté du 9 novembre 1944 © Archives Départementales des Deux-Sèvres 

carte charbon © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

Carte de charbon 1945-1946 © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

Rétablir la souveraineté républicaine

Sur l'ensemble du territoire

Le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) est créé à Alger le 3 juin 1943. Par l'ordonnance du 21 avril 1944, il fixe de manière définitive la nouvelle organisation des pouvoirs publics en France devant se substituer, le moment venu, à l'administration instaurée par le Régime de Vichy. C'est le Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), créé le 3 juin 1944, qui devra restaurer la légalité républicaine pour effacer le régime de Vichy.

Il est cependant confronté à l'AMGOT (Allied Military Government Occupied Territories). Ce projet, élaboré par les Alliés, devait leur assurer l'administration des territoires libérés. En effet, à la veille du débarquement, le gouvernement américain, ne reconnaissant pas la légitimité du Gouvernement Provisoire de la République Française, souhaite étendre celui-ci à la France.

100frs1944recto © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

Billet frappé par l'administration américaine - 1944 © CRRL - Don Sébastien Maurin

Grâce à l'unité relative de la Résistance française et au soutien de l'opinion publique, le général de Gaulle a forgé, dans la clandestinité, les pouvoirs institutionnels capables de succéder au régime de Vichy. Il met un terme à la volonté américaine.

 En région

Jean Schuhler - Commissaire Régional de la République © Office National des Anciens Combattants de la Vienne 

Jean Schuhler - Commissaire Régional de la République © Office National des Anciens Combattants de la Vienne 

À la Libération, la région Poitou-Charentes reste composée de 5 départements : la Vendée, les Deux-Sèvres, la Vienne, la Charente et la Charente-Maritime. Jean Schuhler, avocat parisien et fidèle du général de Gaulle, est clandestinement nommé Commissaire Régional de la République en juin 1944. Il prend ses fonctions le 6 septembre 1944 à Poitiers. Représentant direct du Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), supervisant l'action des préfets départementaux, il s'efforce de rétablir la légalité républicaine en contrôlant la répression de la collaboration, l'épuration et en permettant le maintien de l'ordre.

Dans les départements

Message du préfet Hudeley © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophesLa préparation et les lendemains de la Libération sont marqués, dans les Deux-Sèvres, par la personnalité du nouveau préfet, René Hudeley, nommé dans la clandestinité en mai 1944. Bien accueilli par la résistance locale du fait de son engagement de longue date contre le fascisme et pour la défense des droits humains, il travaille de concert avec elle et recompose le Comité départemental de Libération (CDL), prépare l'épuration légale et le retour à une presse libre.

 

 

Message du Préfet Hudeley encourageant les Deux-Sèvriens à reprendre le travail © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes


proclamation © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophesLe Comité départemental de Libération (CDL), créé difficilement entre l'été 1943 et le printemps 1944 en raison de la répression allemande qui frappe ses acteurs, a pour missions principales au lendemain de la libération d'assurer le ravitaillement, la reconstruction, l'administration courante du département, d'organiser la création des Comités locaux de Libération voire … l'épuration.

En attendant les élections cantonales à venir, il assure la représentation populaire. Plus qu'un organe issu de la Résistance, il se veut le reflet des réalités sociales du département puisque partis politiques, syndicats et principaux mouvements de la Résistance y sont représentés.

Proclamation du Comité départemental de Libération à l'occasion de sa prise de fonction © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

Mettre en place la IVe République

Retour a la démocratie

Les résultats des élections municipales d'avril et mai 1945 confortent l'importance de la place prise par les forces issues de la Résistance.

Affiches électorales du 21 octobre 1945, Niort, illustrant le retour du pluralisme dans la vie politique française © Archives Départementales des Deux-Sèvres   Affiches électorales du 21 octobre 1945, Niort, illustrant le retour du pluralisme dans la vie politique française © Archives Départementales des Deux-Sèvres

Affiches électorales du 21 octobre 1945 illustrant le retour du pluralisme dans la vie politique française © Archives Départementales des Deux-Sèvres

Le rapport de force entre droite et gauche existant avant-guerre n'est pas profondément bouleversé. Si les principales villes du département glissent à gauche (Niort se choisit un maire socialiste, entouré entre autre de deux adjoints communistes ; Thouars et Melle, villes traditionnellement progressistes confirment les socialistes à leur tête ; Saint Maixent, Parthenay et Bressuire, villes de tradition plus conservatrice, font le choix du radicalisme), les zones rurales maintiennent leur vote d'avant-guerre en s'orientant vers les conservateurs.

Un intérêt pour les socialistes et les communistes est perceptible à l'issue du printemps 1945 à l'échelle départementale mais nous n'assistons pas, dans les suffrages exprimés, à un net glissement à gauche.

Le vote des femmes

votefemRevendiqué au lendemain de la Révolution Française, il faudra 150 années de lutte pour que les femmes acquièrent ce droit fondamental. Institué dès 1919 dans 21 pays, il faut attendre l'ordonnance du 21 avril 1944 (Art. 17) prise par le Comité Français de Libération Nationale (CFLN) à Alger pour que "les femmes françaises résidant en métropole soient électrices et éligibles dans les même conditions que les hommes". Elles s'expriment pour la première fois lors des élections municipales d'avril-mai 1945.

 

Extrait du Courrier de l'Ouest daté du 30 avril 1945 © Archives Départementales des Deux-Sèvres

Une nouvelle constitution

Le Comité Français de Libération Nationale (CFLN), par l'ordonnance du 21 avril 1944, déclare que le " peuple Français décidera souverainement de ses futures institutions " par l'intermédiaire d'une assemblée constituante élue au suffrage universel.

Bulletin référendum 1945 © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophesAu référendum du 21 octobre 1945, 96 % des Français expriment le souhait d'un changement de république. Les Deux-Sévriens se prononcent à 78% contre 66 % à l'échelle nationale pour une assemblée aux pouvoirs limités. L'assemblée élue doit élaborer une nouvelle Constitution fixant le fonctionnement des institutions françaises et les droits des citoyens.

 

Bulletin de vote pour le référendum du 21 octobre 1945 © Archives Départementales des Deux-Sèvres

 

L'élection de l'assemblée constituante transforme le paysage politique national. Les partis issus de la Résistance ou revivifiés par elle (PCF,SFIO, MRP) sortent largement vainqueurs. Le parti communiste devient le premier parti de France, la gauche dans son ensemble (PCF, SFIO, Radicaux et UDSR) domine l'assemblée en obtenant 60 % des voix, le MRP, nouvel arrivant sur l'échiquier politique français, obtient près de 26 % des voix.

Le département des Deux-Sèvres suit très modérément la tendance nationale : si la SFIO est, pour la première fois, le premier parti des Deux-Sèvres (31 % des voix) la droite conservatrice, qui s'érode à l'échelle nationale (seulement 14 % des voix), reste fortement implantée dans le département (28,4 % des voix).

Les grandes réformes

Selon les orientations données par le programme du Conseil National de la Résistance adopté dans la clandestinité en mars 1944, de profondes réformes économiques, sociales et institutionnelles sont mises en place après la Libération qui transforment le pays et la société sur les bases de l'idéal républicain réaffirmé.

Les nationalisations s'étendent entre 1944 et 1948 aux grands secteurs économiques : l'énergie avec la création d'EDF, GDF… Dans le domaine social, l'année 1945 est marquée par la création de la sécurité sociale.

États généraux de la Résistance française © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes   Table des matières-États généraux de la Résistance française © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

États généraux de la Résistance française, 1944, couverture et table des matières © Conservatoire de la Résistance et de la Déportation des Deux-Sèvres et des régions limitrophes

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III. La mise en place de la IVe République

En savoir plus

Dossier multimédia : La Libération du territoire et le retour à la République

I / Vers la Libération

II / La Libération

III / La mise en place de la IVe République

 

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